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Il n'est pas facile de comprendre du sang étranger

F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

La série Blood Venus a été réalisée d’après des Vénus paléolithiques. Ces petites statuettes, dépourvues de visage et de regard, révèlent que dès les premières figurations humaines, c’est la sexualité de la femme qui a été mise de l’avant. On sait que cette visibilité du corps féminin dans l’histoire de l’art s’accompagne d’une mise à l’écart de la femme pendant ses menstruations et d’un tabou généralisé à l’égard de ce caractère sanglant de la perpétuation de l’espèce, qui se manifeste lors de la perte de la virginité, des menstruations et de l’accouchement. Le sang porte en lui, comme ses plis, une série d’événements corporels souterrains, qui rythment la chair des femmes sans que cette temporalité appartiennent à l’écoulement du temps en communauté : sa vivacité, ses caillots sont ceux de corps qui vivent, sentent, mais invisiblement, comme si l’éclat du sang échappait aux images. 

Cette série, réalisée en sang menstruel, vasculaire et placentaire, cherche à contaminer le formalisme qui caractérise la représentation de la femme en y ramenant la part violente et sacrificielle propre au sexe féminin : le corps de chaque petite vénus semble sur le point de se dissoudre dans les motifs générés par le sang. La fragilité et la vulnérabilité de chaque petite statuette tranchent ainsi avec cette part informe, abyssale et anonyme que chaque femme, en tant que génitrice, porte en elle. 

Sang et peinture à l'huile sur carton, dimensions variables. 2018-2019.

Photo (exposition) : Anthony Daniel

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