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Dix commandements : dix coups de tonnerre venus d’en haut s’abattre sur les hommes, dix impératifs lapidaires s’adressant à la fragilité du corps et ses penchants. Ne pas voler, ne pas mentir, ne pas tromper, ne pas s’illusionner, ne pas tuer… comme autant d’ordres adressés froidement aux instincts de la chair, celui des mains de se saisir, celui des yeux de convoiter, celui de la bouche de médire, celui de la pensée d’idolâtrer, celui du sexe de s’oublier dans le plaisir – des lois comme des squelettes qui s’enroulent sur la peau et pénètrent jusqu’aux pulsions et peurs informes qui l’habitent. Les dix commandements nous interpellent par un « tu » qui nous rend seuls, seuls avec un corps dont les désirs prennent la figure de menaces, et ces quelques ordres qui introduisent la frontière des interdits dans tout commerce avec notre prochain.

À l’occasion de la création de l’oeuvre Les dix commandements du chorégraphe Harold Rhéaume, j’ai assisté à cette lutte entre le corps et la loi, à la rencontre entre l’inflexibilité des règles morales et l’innocence du corps, de son élan vers l’autre. En quelques jours, dans l’intimité du danseur et du chorégraphe, ces règles morales tombées d’une transcendance impénétrable reprenaient un visage humain…à chaque commandement, c’était un nouvel univers de gestes et de récits qui tendait l’espace du studio, de nouveaux désirs qui, dans le corps de l’interprète, s’affrontaient à leurs limites.

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