Quatre images – le filet, l’oiseau bridé, la petite fille, le lit – se combinent deux à deux pour former des scènes différentes, autour du désir de voler. La réversibilité du livre et sa logique combinatoire permet d’ouvrir un espace d’ambiguïté autour des symboles simples : le rêve de liberté s’accompagne de la capture de l’oiseau; les rôles se renversent entre qui chasse et qui est chassé; le sommeil est le lieu du rêve et de la menace. Accompagné d'un poème de Julien Lebargy.
Eau forte, pointe sèche et morsure au crachat avec aquatinte et cyanotype sur tissu brodé, 2024.
il survole l'aube
le réveil fuit sous son plumage
les images du sommeil tapissent la piste d'atterrissage
flottantes sur les paupières encore lasses
de la gardienne des ailes
tous peuvent rêver
tous ne peuvent pas voler
portés par leur chant
les oiseaux de nuit ourdissent leur plan
pour ceux qui se promènent avec des passoires
pour compter l'eau.
et des filets
pour attraper l'air
draps pliés et cage ouverte
l'oiseau reviendra rêver qu'il vole
il flotte dans sa cage-rève
il ne peut etre ailleurs
les mailles se resserrent
comme les paupières, lasses, et tissent
le filet du pigeon
d'une jeune fille qui n'attrape que le rève
de savoir voler comme lui
elle se réveille à l'aube.
Julien Lebargy